Comment sensibiliser les équipes aux gestes à risque pour prévenir l’apparition des troubles musculosquelettiques au travail ? Les moyens sont nombreux : affiches, jeux, diffusion de vidéos, réunions d’information, formation… Mais si tout commençait par une évaluation des risques ? En 4 étapes, EPITACT® vous donne quelques pistes de réflexion pour mener une politique de prévention des TMS pertinente.
Instaurer une démarche de prévention des TMS dans une entreprise a deux buts majeurs :
À noter que la cotisation employeur s’élève lorsque le nombre de maladies professionnelles augmente(1). En effet, les caisses régionales peuvent vous imposer des cotisations supplémentaires en cas de risques exceptionnels dans l’entreprise ou de non-respect des règles d’hygiène et de sécurité. Des majorations pourront également être appliquées en cas de récidive.
Le Code du travail stipule les grands principes de prévention qu’un employeur, privé ou public, se doit d’appliquer au sein de son entreprise(2, 8).
L’évaluation des risques en termes de santé et de sécurité pour les salariés d’une entreprise est obligatoire pour l’employeur. Celui-ci doit, dès la première embauche, tenir et mettre à jour le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP)(3). Ce document permet de déclarer et de recenser le résultat de l’évaluation des risques professionnels ; laquelle doit respecter les 9 principes généraux de prévention.
> D’abord, les services de santé au travail ont pour mission de limiter le lien de cause à effet entre le travail et la santé des travailleurs. Ils conseillent les employeurs et les employés sur les mesures nécessaires pour éviter ou diminuer les risques d’AT/MP(2).
> L’employeur doit également veiller à la santé et à la sécurité de ses salariés.
> Le CSE (Comité Social et Économique), sinon les délégués du personnel, est chargé d’analyser les risques et de proposer des actions de prévention des TMS.
> Enfin les employés, en se formant et s’informant sur les bons gestes et les bonnes postures de travail.
Une politique de prévention des TMS ne peut s’envisager que si les différentes parties de l’entreprise adhèrent au projet. Il convient donc premièrement d’en comprendre les enjeux et de dégager les moyens humains, financiers et temporels nécessaires. Ces objectifs feront donc intervenir la direction, les représentants du personnel ou CSE et les services de santé au travail dont le médecin du travail. L’employeur peut également faire appel à d’autres partenaires comme les ergonomes, les caisses régionales, les intervenants en prévention des risques professionnels, etc.
La prévention des TMS en entreprise passe d’abord par le recueil d’informations utiles pour comprendre et identifier les situations et facteurs de risques. Outre le questionnaire, des entretiens avec les salariés ou les rapports annuels du médecin du travail pourront par exemple vous fournir ce type d’informations. Pensez également à les croiser avec des données telles que le taux de turnover, d’absentéisme, les types de contrats, la répartition par âge…
Pour être exploitable, le questionnaire à administrer à vos équipes visant à évaluer les risques de développement des TMS en entreprise devra remplir deux types d’objectifs. En effet, ce questionnaire(4) vise à évaluer les risques d’un point de vue quantitatif et qualitatif. Les éléments quantitatifs concerneront davantage le nombre de personnes concernées par service ou le nombre de cas déclarés alors que les éléments qualitatifs mesureront les facteurs favorisant le développement de TMS.
L’ensemble des questions permettra de cerner l’importance du risque de développement des TMS par activité pour ensuite prendre les mesures qui s’imposent.
La première partie du questionnaire vise à segmenter les publics. Ainsi, elle interrogera le salarié sur son sexe, âge, poids, rôle dans l’entreprise (service), ancienneté…
Ensuite, une section peut être réservée aux antécédents personnels du salarié : missions antérieures, traumatismes passés…
La partie suivante du questionnaire concernera davantage les conditions de travail actuelles du salarié afin d’identifier si elles peuvent favoriser le développement de TMS : tâches répétitives, port de lourdes charges, pénibilité, froid, vibrations, actions manuelles, stress…
Enfin, la dernière partie de ce questionnaire évaluera les symptômes déjà perceptibles par vos équipes : intensité, durée et fréquence de la douleur en activité et au repos, zone(s) du corps concernée(s), gênes (picotement, fourmillement, engourdissement, sensation de brûlure…), incapacités partielles ou totales (perte de préhension, raideur articulaire), gonflement, rougeurs, inflammations, prise d’anti-douleurs ou anti-inflammatoires…
Enfin, vous pourrez analyser les résultats pour pointer les TMS les plus fréquents par service et réfléchir alors à des solutions adaptées pour enrayer le phénomène.
Le médecin du travail pourra aussi établir un diagnostic précis pour chaque salarié, complémentaire à ce questionnaire préalable. Il établira surtout les recommandations de traitement de la douleur, de prévention et de correction nécessaires : prescription d’orthèses de prévention et de correction*, traitement médicamenteux…
Toutes ces informations vous permettront de mesurer les risques de développement des TMS par activité et les cas déjà déclarés. Il sera alors plus simple d’opter pour des solutions adaptées afin d’anticiper de nouveaux cas, mais aussi d’améliorer le confort de chacun pour une productivité constante et une activité durable.
Une fois les situations et facteurs de risques analysés, il convient d’agir pour les réduire. Cela passe notamment par l’information, l’ergonomie et la prévention des facteurs de risques organisationnels ou psychologiques.
Pour savoir comment éviter les TMS au travail, le premier pas est de s’informer. En effet, il est primordial de bien comprendre l’intérêt de cette démarche et le lien entre ces pathologies et le travail. Puis, il peut être intéressant de proposer à vos équipes des guides pédagogiques pour observer les bons gestes et postures. Cette étape peut se traduire par la diffusion d’affiches de prévention des TMS, de vidéos, de jeux, etc.
Un employeur se doit de fournir un cadre de travail compatible avec les capacités de chaque salarié. Pour réduire gêne, fatigue et contraintes physiques, deux approches sont possibles :
Les facteurs psychologiques sont en effet responsables de la chronicisation des douleurs liées aux troubles musculosquelettiques. Ainsi, lutter contre ces risques permet de prévenir les TMS tout en favorisant le bien-être de vos équipes. Voici quelques pistes d’actions :
Dès le début de la démarche de prévention des TMS, assurez un suivi régulier des changements effectués. Cela permet d’en évaluer la performance et l’impact sur la santé physique et mentale des salariés comme financière de l’entreprise.
À noter que la surveillance des risques est permanente en entreprise car la moindre modification dans les modes opératoires peuvent réenclencher le risque de TMS(4).
Vous l’aurez compris, l’engagement et la volonté sont les maître-mots pour réussir une démarche de prévention des TMS au travail. La maîtrise du risque passe par une connaissance élargie des facteurs favorisant ces pathologies et par la mise en place de mesures cohérentes. En effet, plus la prévention est efficace, plus les coûts induits par la réparation des AT/MP pour l’employeur seront réduits(8).
Voici d’autres articles complémentaires qui pourraient vous intéresser :
• Les troubles musculosquelettiques, c’est quoi ?
• Les conséquences d’une maladie professionnelle pour l’employeur
• Qu’est-ce qu’une maladie professionnelle ?
*Ces solutions sont des dispositifs médicaux de classe I, qui portent, au titre de cette règlementation, le marquage CE. Lire attentivement la notice d’utilisation. Fabricant : Millet Innovation. 09/2022
Pour aller plus loin que cette approche globale et simplifiée, voici quelques sources supplémentaires :
(1)Maladie professionnelle : impact sur la cotisation employeur et le taux de cotisation AT/MP [Internet]. ameli.fr. 2022. Disponible sur: https://www.ameli.fr/entreprise/vos-salaries/maladie-professionnelle/cotisation-employeur
(2)INRS. Tableaux des maladies professionnelles – Les maladies professionnelles en 10 questions [Internet]. inrs.fr. 2017. Disponible sur: https://www.inrs.fr/publications/bdd/mp/maladiespro10questions.html
(3)L’Assurance maladie. Déclarer et évaluer les risques : le document unique d’évaluation des risques (DUER) [Internet]. ameli.fr. 2022. Disponible sur: https://www.ameli.fr/entreprise/votre-entreprise/outils-gestion-prevention-risques-professionnels/declarer-evaluer-duer
(4)INRS. Les troubles musculosquelettiques du membre supérieur (TMS-MS) [Internet]. ED 957; 2011. Disponible sur: https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%20957
(5)Ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion. Troubles musculo-squelettiques [Internet]. travail-emploi.gouv.fr. 2010. Disponible sur: https://travail-emploi.gouv.fr/sante-au-travail/prevention-des-risques-pour-la-sante-au-travail/article/troubles-musculo-squelettiques
(6)Claudon L, Aublet-Cuvelier A, Gautier MA, Kerlo-Brusset M. Pratique d’exercices physiques au travail et prévention des TMS. Références en santé au travail – INRS. 2018;(153):6.
(7)Stock S, Nicolakakis N, Messing K, Turcot A, Raiq H. Quelle est la relation entre les troubles musculo-squelettiques (TMS) liés au travail et les facteurs psychosociaux ? Perspectives interdisciplinaires sur le travail et la santé [Internet]. 28 mai 2013;(15‑2). Disponible sur: https://journals.openedition.org/pistes/3407
(8)DGAFP. Guide pratique – Démarche de prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS) [Internet]. 2015 p. 65. Disponible sur: https://www.fonction-publique.gouv.fr/files/files/publications/coll_outils_de_la_GRH/guide_pratique_TMS.pdf
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